Le ministère chinois du Commerce (Mofcom) a opposé mardi 17 juin son véto au projet de P3 présenté par les trois leaders mondiaux du transport maritime conteneurisé. Cette décision négative entraîne l’abandon de l’alliance opérationnelle qui avait été prévue à l’automne.

Le 24 avril, le projet d’alliance opérationnelle P3 élaboré par Maersk Line, MSC et CMA CGM avait reçu l’accord de la Federal maritime commission (FMC) aux États-Unis. Un peu plus d’un mois après, la Commission européenne avait accordé son feu vert. Depuis le 3 juin, les trois armateurs n’attendaient plus que l’accord de Pékin. À l’origine, le P3 devait démarrer en mai ou juin. Les experts avaient prévu que celui-ci ne démarrerait qu’au dernier trimestre de l’année en attendant de recevoir le feu vert des autorités chinoises. Hier, le véto opposé par Pékin a sabordé le projet.

« Les partenaires du P3 prennent bonne note et respectent la décision du Mofcom », relève la direction de Maersk Line et de CMA CGM. À Copenhague, l’armateur danois estime que la décision du ministère chinois est conforme à la réglementation nationale sur le contrôle des opérations de fusion et concentration.

Les travaux préparatoires arrêtés, le projet condamné La filiale d’AP-Möller indique que les trois partenaires se sont mis d’accord pour interrompre leurs travaux préparatoires à la mise en œuvre du P3 comme prévu et ajoutent que le projet ne verra pas le jour. Vincent Clerc, le directeur commercial et du marketing de Maersk, exprime la déception de l’armateur. À ses yeux, le P3 aurait constitué une alliance efficace. Pour sa part, Nils S. Andersen, le PDG du leader mondial du transport conteneurisé, indique : « L’alliance P3 nous aurait permis de réaliser des économies en termes de frais d’exploitation mais aussi de réduire les émissions de CO2″. L’armateur espère que la disparition du P3 n’aura pas d’impact sur les résultats annuels de 2014 ».

« Les raisons du refus du Mofcom inexpliquées »

À Marseille, du côté de CMA CGM, on indique que le P3 n’entrera pas en vigueur suite à la décision prise par le ministère chinois du Commerce. Le troisième armateur mondial précise que la Direction générale européenne de la Concurrence avait récemment décidé qu’elle n’ouvrirait pas  d’enquête sur les monopoles entravant la liberté de la concurrence à l’encontre du projet d’alliance. L’annonce de la création du P3 remonte à juin 2013. S’ils ne contestent pas la position du Mofcom, les armateurs européens rappellent cependant qu’il ne s’agissait pas d’un projet d’alliance commerciale mais opérationnelle. Reste aujourd’hui à interpréter les raisons du refus de l’administration chinoise. On peut imaginer que les autorités du pays ont voulu protéger les intérêts de certains armateurs asiatiques face à leurs concurrents européens. On peut également émettre l’hypothèse que Pékin ait opposé son veto de manière à favoriser les grandes alliances mondiales existantes. Il ne faut pas perdre de vue que le P3 reposait sur un axe très concurrentiel puisqu’il s’agissait des routes maritimes Est-Ouest. Reste à savoir comment vont réagir désormais les alliances G6 et CKYHE et quelles stratégies elles vont adopter.

source : L’Antenne

 
Mardi 17 Juin 2014