CMA CGM table sur une année encore difficile dans le transport de conteneurs
Le numéro trois mondial du secteur a vu son chiffre d’affaires stagner en 2013 du fait de la faiblesse des taux de fret.
La performance opérationnelle du groupe a baissé, mais reste élevée pour le secteur.
Dans l’industrie maritime, plus que dans beaucoup d’autres, la volatilité des marchés – qui se traduit par l’évolution des indices de taux de fret (lire ci-dessous) – pèse sur l’activité des armateurs. En témoignent les comptes annuels publiés hier par le groupe CMA CGM. Malgré une augmentation de 7,5 % des volumes transportés en 2013 par rapport à 2012, à 11,4 millions d’EVP (équivalent vingt pieds, unité approximative de mesure de conteneur permettant de calculer la capacité des navires), le chiffre d’affaires du numéro trois mondial du transport maritime de conteneurs s’est inscrit en très légère baisse (– 0,1 %), à 15,9 milliards de dollars.
Mais, là où,sur la période, les indices SCFI (Shanghai Containerized Freight Index) de référence sur ce marché ont globalement baissé de 13 %, le chiffre d’affaires par EVP a enregistré une baisse plus limitée, de 7,1 %, chez CMA CGM. En outre, l’armateur marseillais fait valoir que ses volumes ont progressé plus vite que le marché du transport maritime en conteneurs, qui a « crû d’environ 3 % en 2013 ».
Dans ce contexte tendu, le groupe a vu son résultat opérationnel courant (Ebit) chuter de 26,9 %, à 756 millions de dollars. Indicateur financier de référence des entreprises du secteur, en ce qu’il unifie l’impact financier des modes de propriété des navires, il reste « depuis quatre ans entre 6 et 8 points au-dessus de celui de l’industrie », a précisé aux « Echos » le directeur financier de CMA CGM, Michel Sirat. En revanche, le bénéfice net a bondi, à 408 millions de dollars contre 332 millions l’année précédente. La vente de 49 % de sa filiale portuaire Terminal Link en juin 2013 y a largement contribué, à hauteur de 200 millions, a indiqué Michel Sirat.
Maîtrise des dépenses
Après avoir conclu début 2013 avec les 70 banques créancières une restructuration de sa dette, le groupe a par ailleurs réduit sa dette nette de 20 %, pour la ramener à 0,7 fois les fonds propres, et disposait à fin 2013 de « plus de 1,5 milliard de dollars de liquidités ». Et si ceci n’a rien à voir avec cela, assure-t-on chez CMA CGM, le projet d’introduction en Bourse n’est plus d’actualité.
Sur un plan opérationnel, le groupe présidé par son fondateur, Jacques Saadé, et que dirige son fils Rodolphe, directeur général délégué, a dégagé « une marge opérationnelle de 4,8 %, ce qui est une des meilleures du secteur, la deuxième à notre connaissance juste derrière Maersk », a indiqué Michel Sirat. Malgré les efforts de maîtrise des dépenses opérationnelles, qui auront permis de réduire de 5,3 % les coûts par EVP, ce taux a cependant baissé de 1,5 point sur un an (contre 6,3 % en 2012) du fait donc de la pression sur les prix. Or, en dépit d’un redressement des taux de fret au début de l’année, CMA CGM anticipe pour 2014 que « les taux restent sous pression sur l’ensemble de l’exercice, compte tenu d’un déséquilibre offre-demande persistant ». Le groupe prévoit une croissance du marché en volume de 3 % à 4 %, quand,lui, devrait faire mieux, de 4 % à 5 %.
Il devrait aussi pouvoir compter sur les premiers effets de « la mise en place de l’alliance opérationnelle P3, annoncée par CMA CGM en juin 2013 ». Celle-ci a en effet « reçu le 20 mars l’accord de l’autorité américaine, la FMC [Commission maritime fédérale] », a annoncé hier le groupe. Et si elle est encore soumise à l’accord des diverses autorités réglementaires en Asie et en Europe, sous réserve de cet accord, les trois premiers armateurs européens et mondiaux, le danois Maersk Line, l’italo-suisse MSC et CMA CGM, prévoient toujours de mettre en place cette alliance opérationnelle au début du mois de juillet.
P3, qui concerne plus de 250 bateaux, doit leur permettre de remplir au mieux leurs coûteux porte-conteneurs et de couvrir les principales routes maritimes mondiales.
source : Les Echos